Le grand scandale de dopage en Russie

Qu'un État et des fédérations sportives réfléchissent constamment à un plan pour camoufler le dopage de ses athlètes semble digne d'une fiction. Et pourtant, c'est bien ce qu'il s'est passé il n'y a pas si longtemps en Russie.
Le grand scandale de dopage en Russie

Dernière mise à jour : 08 décembre, 2019

Avant les Jeux olympiques de Rio 2016 et juste après les Jeux olympiques d’hiver de 2014 à Sotchi (ville russe), un énorme scandale éclate sur la scène du sport mondial. À ce moment-là, de nombreuses preuves mettant en évidence l’existence d’un plan systématique de fraude contre le système de détection de substances interdites chez les sportifs ont vu le jour. Découvrez-en plus ici sur l’un des plus importants scandales sportifs, le scandale de dopage en Russie.

Afin de promouvoir l’égalité des conditions dans le sport et la concurrence propre entre tous les participants, aussi bien le Comité international olympique (CIO) que l’Agence mondiale antidopage (AMA) fournissent de grands efforts pour développer des méthodes efficaces de détection de substances interdites chez les sportifs. Certains sportifs ont recours à ces substances pour améliorer leur rendement.

Néanmoins, malgré leurs efforts, les méthodes de détection se sont avérées inefficaces face à une stratégie russe soutenue par l’État dont le but consistait à “camoufler” les substances administrées aux sportifs afin que les résultats des tests soient négatifs. La découverte de ce secret est l’un des épisodes les plus dramatiques de l’histoire du sport.

Dopage en Russie : origine et découverte

Nageuse russe en train de nager dans une piscine

Plus de mille sportifs russes ont été concernés par le scandale qui a surgi suite à l’infiltration de Vitaly Stepanov, un employé de l’Agence antidopage de Russie (RUSADA). De nombreux sports étaient inclus dans ce scandale : les Jeux d’hiver, les Jeux d’été, les Jeux paralympiques… Un scandale très grave.

Dans le rapport principal qu’il envoie à l’Agence mondiale antidopage, Vitaly Stepanov met en évidence les irrégularités commises entre 2011 et 2015. De sérieux doutes planent toujours quant à des éventuelles irrégularités avant 2011. La première décennie des années 2000 et celle des années 80 font alors l’objet de recherches.

Ces informations sont révélées au grand public via une publication du New York Times. Le journaliste britannique Nick Harris et l’athlète russe Darya Pishchalnikova font partie des quelques personnalités citées en tant que sources documentées à propos des agissements de la fédération russe.

Par ailleurs, en 2016, l’enquête privée menée par Richard Maclaren à la demande de l’Agence mondiale antidopage de 2016 apporte des preuves incontestables contre les forces de sécurité de la Russie.

Les protagonistes du scandale

Avec cette affaire, le chimiste Sergei Portugalov se retrouve sur le devant de la scène. Il a participé à la stratégie de l’Union soviétique en administrant à ses sportifs des stéroïdes. Ces substances permettent aux sportifs d’avoir un meilleur rendement pendant une compétition.

D’énormes doutes planaient déjà sur les Jeux olympiques de 1980 à Moscou. Mais l’objectif de ce chimiste était encore plus ambitieux pour les Jeux olympiques de 1984 à Los Angeles. Néanmoins, le pays décide finalement de boycotter l’événement sur le sol nord-américain. Il n’y a donc pas eu de sportifs russes à cet événement. La tactique imaginée par Sergei Portugalov est alors tombée à l’eau.

Grigory Rodchenkpv est un autre personnage central de cette affaire. Tel que le montre le documentaire Icarus, Grigory Rodchenkpv est l’une des personnes à l’origine du plan parfait. Et ce, grâce à son lien avec l’Agence mondiale antidopage. C’était l’ancien chef du laboratoire certifié par l’Agence mondiale antidopage où les sportifs faisaient leurs analyses en Russie. Bien entendu, lorsque le scandale a éclaté, ce centre en a fait les frais.

Les conséquences du scandale de dopage en Russie

En 2015, lors d’une conférence qui se déroule à Genève (Suisse), Dick Pound, le directeur de l’Agence mondiale antidopage incite l’Association Internationale des Fédérations d’athlétisme (IAAF) à suspendre les sportifs russes. Ce veto devait aussi inclure les Jeux olympiques de 2016 à Rio. La sanction de l’IAAF a été presque immédiatement communiquée.

Néanmoins, le Comité international olympique ne respecte pas ces directives ; il décide d’analyser la situation de chaque sportif au cas par cas. C’est ainsi que la participation de plus de 200 athlètes aux Jeux olympiques de 2016 à Rio est finalement approuvée. Et plus d’une centaine d’athlètes sont exclus pour cause de dopage.

À la différence du Comité international olympique, le Comité international paralympique (CIP) décide d’exclure définitivement tous les représentants de la Russie aux Jeux paralympiques de 2016.

La conclusion et les conséquences

Yelena Isinbayeva lors d'une épreuve de saut

En somme, toute cette affaire a révélé un système de fraude orchestré par le gouvernement russe, le Ministère des sports, les forces de sécurité russes et les fédérations sportives. Les actions des employés russes du laboratoire d’analyses à Moscou ont également été essentielles.

Malgré toutes les preuves, certains fonctionnaires publiques russes ainsi que le président lui-même, Vladimir Poutine, ont complètement démenti les accusations de dopage. Même certains sportifs iconiques ont rejeté les accusations. C’est le cas de Yelena Isinbáyeva.

Ce qui est certain c’est que tout le monde sportif a été ému face à un tel succès. Nombreux sont les sportifs qui ont ressenti une déception vis-à-vis de l’Agence mondiale antidopage et du Comité international olympique, les organismes responsables de superviser ces questions.

Pour les Jeux olympiques d’hiver de 2018, certains sportifs qui avaient été suspendus à vie après les Jeux olympiques de 2014 obtiennent finalement une autorisation pour participer à la compétition. Mais c’était trop tard… Sur la scène olympique, un voile de suspicion très difficile à oublier planait déjà.


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